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qu'il avoit résolu de prendre; déclara qu'il ne vouloit plus qu'on tint aucuns bénéfices en garde pour autruy, ni qu'on levât les fruits par œconomat sans aucun titre, ains qu'ils fussent par le Pape conferes à per­sonnes capables ; même qu'il avoit délibéré de réformer sa maison et tous les états du royaume. Et fît, le 20 da present mois de may, crier par tous les carrefours, à quatre trompettes, que tous ses bons sujets n'ayent à adhérer aux séditieux qui s'efforçoient de troubler son royaume sous ombre d'impôts mis par lui à son grand regret sur son peuple, lesquels il esperoit du tout ôter.
Le mercredy 2 5 may, le Roy alla aux Augustins au service de la pénitence, et là prit congé de ses confreres pour quinze jours, partit le 27 de Paris avec ses deux mignons, et s'en alla à Mezieres, où il.se fît apporter de l'eau de la fontaine de Spa.
En ce mois, ie Roy se dépita contre le maréchal de Montmorency (0, gouverneur ou, pour mieux dire, roy de Languedoc, pour ce qu'à son mandement il ne vouloit céder son gouvernement au maréchal de Joyeuse pere du duc, et au lieu d'iceluy prendre le gouverne­ment de l'Isle de France; et le menaça de le traiter comme désobéissant. Mais on ne pût lui faire la guerre, crainte de pis.
Cependant le Roy donna à son archi-mignon d'Es-pernon le gouvernement de Mets, Toul et Verdun, avec toute libre administration; et fit entendre qu'il les lui avoit engagés pour trois cens mil écus.
C1) Le maréchal de Montmorency : Henri de Montmorency, d'abord maréchal de Dainville. Par la mort de son frère François de Montmo­rency, il devint duc de Montmorency en 1579. Il fut connétable de France le 8 décembre i5g3.
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